jueves, 18 de julio de 2024

Terreur policière dans la Révolution Espagnole

Chapitre VIII, "Terreur policière", du livre Témoignages complémentaires pour l'Histoire de l'Espagne: La guerre civile 1936-1939 (Madrid, 1953)


TERREUR POLICIÈRE

Au début de la révolution, le Gouvernement fit abstraction de la Force Publique dont il se méfiait parce qu'il se rendait compte de l'incompatibilité existant entre elle et les bandits qui, avec la populace armée, prétendaient défendre le régime. En effet, les forces de l'Ordre Public étaient, en général, formées et instruites selon les principes traditionnels d'honneur et de discipline. Ces défenseurs de l'Ordre Public furent assassinés en grand nombre et il n'en resta que quelques-uns qui, exceptionnellement, servirent le Gouvernement rouge et jouirent de sa confiance.

Les corps de Police, de la Sûreté, et de la Gendarmerie furent décimés, et le nom de ce dernier fut remplacé pour celui de Garde Nationale Républicaine. Pour remplir les vides produits par les assassinats et les expulsions, on fit appel à des malfaiteurs. 

La Police en fut profondément transformée; le personnel professionel qui resta, parce qu'il avait pu éviter d'être expulsé ou assassiné, ou parce que n'ayant pas trouvé moyen de fuir, il avait dû demeurer à son poste, se trouva soumis à une surveillance rigoureuse exercée par les nouveaux éléments de police recrutés parmi les affiliés des partis politiques ou des organisations extrémistes. Du reste, la mission de ces derniers était non pas de servir l'État ou l'Ordre Public, mais les organisations politiques dont ils provenaient.

Dans la déclaration faite devant la "Cause Générale" de Madrid par l'ex-Commisaire Général de Police rouge, Teodoro Illera Martín, on peut lire ce qui suit:

"... Enfin les agents nommés par la Direction rouge effectuaient l'arrestation des personnes qu'ils considéraient hostiles et les remettaient au Commisariat avec une note expliqant les motifs de l'arrestation. Bien entendu, ces arrestations étaient presque toujours arbitraires, étant donné le manque de préparation technique toujours arbitraires, étant donné le manque de préparation technique de ces agents improvisés et leurs tendances politiques très prononcées. Les arrestations faites par ces agents manquaient donc en tous points aux règles établies: parfois, ils remettaient les détenus au Commisariat mais, d'autres fois, ils les arrêtaient sur les ordres reçus des Radios Communistes ou d'autres organisations politiques et les détenus n'étaient amenés à aucun poste officiel de Police...  Toutefois, on peut dire que, dans le fonctionnement de la Police de Madrid, on conserva le mécanisme traditionnel administratif; mais, à côté de cette organisation officielle il exista, d'une part, ce que l'on peut appeler les éléments incontrôlables qui provenaient des organisations politiques, avec le consentement du Pouvoir, de la C.N.T. et des Radios communistes; il y eut enfin d'autres éléments qui exercèrent des fonctions de police avec une autonomie complète. Ce fut dans ces organisations que résida réellement la force de l'Etat. A cette époque-là il arriva très fréquemment que les familles de ceux qui étaient détenus par ces organisations politiques, se fiant à la Police, appelaient avec angoisse les Commissariats pour leur demander de les protéger. Les Commissaires envoyaient toujours des agents là où on les réclamait; mais il faut observer que parmi les agents il y en avait de deux sortes: d'une part ceux qui avaient toujours appartenu à la Police et qui étaient mal vus des rouges précisément parce qu'ils étaient corrects et gardaient leur indépendance politique, et, d'autre part, ceux qui avaient été nommées par les rouges pour servir leurs intérêts politiques. Les agents compris dans la première catégorie, étaient effrayés et s'efforçaient d'éviter d'effectuer ces services à cause des chocs que pouvaient se produire entre eux et les milices, ce qui leur aurait été fatal; les autres, au contraire, quand ils arrivaient au domicile des détenus, au lieu de les défendre contre les excès des Radios et des Comités dont eux-mêmes faisaient partie, aidaient ceux-ci...  La Police, dans l'exercise de ses fonctions, n'eut jamais de relations avec les tchékas, et il exista plutôt une sorte de lutte entre elles. Ceci ne signifie pas que beaucoup de détenus par la Police ne fussent pas livrés aux tchékas; mais c'était alors par ordre de la Direction Générale de la Sûreté qui renvoyait aux tchékas ou aux prisons, suivant les cas, les détenus qu'elle avait reçu des Commissariats... Il arriva aussi, parfois, que les éléments des tchékas se fissent passer pour policiers en utilisant les plaques qu'ils enlevaient aux agents professionnels après les avoir assassinés. On ne pouvait pas leur demander leur documentation pour contrôler s'ils étaient bien des agents de police, car la réponse était aussitôt la classique "promenade de la mort"... En une occasion, le déclarant apprit que dans le quartier des Nuevos Ministerios on commettait des assassinats et il eut même connaissance d'un cas monstrueux: Deux miliciens violèrent deux jeunes filles et les tuèrent ensuite, mais avec une telle haine que l'un d'eux, possédant encore sa victime, la tua d'un coup de révolver, de telle façon que la cervelle de la pauvre fille éclaboussa la figure de l'assassin. Le déclarant dit qu'il ordonna immédiatement qu'un service de surveillance très étroit fut monté dans les alentours et il assure qu'à partir de ce moment-là il ne s'y commit plus de crime.

"Le Ministère de l'Intérieur entretenait des Milices de l'Arrière aux ordres directs du Ministre et absolument indépendentes de la Police... D'après le déclarant, toute la responsabilité des crimes commis à cette époque retombe sur le manque d'énergie et de dignité du Directeur Général de la Sûreté, Manuel Muñoz, car il disposait de moyens matériels et d'appuis moraux plus que suffisants pour pouvoir éviter ces actes de la part des Radios, tchékas et milices. La preuve en est que lorsque les Commissaires, dans les districts dont le rayon d'action était beaucoup plus réduit, surent s'imposer et se faire respecter par ces éléments, de nombreux crimes furent évités, ainsi que le déclarant l'a exposé ci-dessus. Muñoz toléra l'existence et l'action des "Brigades de l'Aurore", de la "Técnica" (qui exerçait ses fonctions à la Direction Générale), celle de "Terry" et une autre qui était contrôlée par le Sous-Directeur Carlos de Juan. Ces brigades commirent toutes sortes de violences jusqu'à fin de Novembre... Le 7 Novembre 1936, par suite de l'approche des Forces Nationales, le Gouvernement s'enfuit à Valence, tandis qu'à Madrid, sous la présidence de Miaja, une Junte de Défense se créa. Il en résulta une nouvelle organisation des services de Police. Un Conseil de l'Intérieur dont fut chargé Santiago Carrillo, fut installé rue Serrano, 37. Ce Conseil de l'Intérieur devint une sorte de Ministère de l'Intérieur dont les fonctions furent limitées à la circonscription de Madrid. Le chef Directeur de la Police fut appelé Délégué général de l'Ordre public et on en chargea Serrano Poncela qui s'installa au 37 de la rue Serrano... On créa également un Conseil de Sécurité, qui dépendit directement du Conseil de l'Intérieur, quoique, dans la pratique, il fût autonome et avec des pouvoirs illimités. De ce Conseil firent partie des éléments du Comité des Recherches Publiques (tchéka de Fomento) qui avait été dissout... Les autres membres de celui-ci furent distribués deux par deux dans les Commissariats, à la suite d'un ordre écrit du Directeur Général de la Sûreté indiquant qui'ils y entraient en qualité d'adjoints aux Commissaires; mais, en réalité, leur rôle était celui de contrôles politiques... Le 6 Janvier 1937, le déclarant reçut un télégramme de Wenceslao Carrillo, alors Directeur Général de la Sûreté, lui ordonnant de se transférer à Valence... L'anarchie qui régnait à Valence était encore plus grande que celle de Madrid. Il y eut le cas d'un agent des milices antifascistes qui, arrivant à la porte du Palais de Benicarló où se célébraient les Conseils des Ministres, sans aucune autorisation et de sa propre initiative, prit les voitures des Ministres... Le déclarant rapporte aussi le cas de deux agents de police qui se trouvaient dans un café: un groupe de militiens s'approcha d'eux en leur demandant leurs noms et les assassinèrent sur place... Peu à peu le Gouvernement, vers le mois d'Avril, parvint à former une organisation de type normal; mais, néanmoins, vers cette même époque, le Ministre Galarza crée la D.E.D.I.D.E. (Departamento Especial de Información del Estado)—Département Spécial d'Information de l'Etat—. Ce nouvel organisme peut être considéré comme une transition entre les milices et la Police, c'est à dire, comme une modification ou une atténuation des milices et de la Police, c'est à dire, comme une modification ou une atténuation des Milices de l'Arrière. Il semble qu'il faut y voir l'idée constante de Galarza qui, dans sa peur, voulait toujours avoir sous ses ordres une organisation spéciale de protection. Ces nouvelles milices disposèrent de leurs propres agents et de prisons autonomes.  Parmi ces derniéres, il faut citer les tchékas tristement célèbres de Santa Ursula de Valence. Le D.E.D.I.D.E. peut être considéré comme un précedent du S.I.M., puisque une fois ce dernier créé, les deux organismes s'y fusionnèrent... Les attributions de la Police, à cette époque, se limitèrent à la protection des édiices et des personnages officiels ainsi qu'à la répression de la rébellion de la C.N.T. dans le Levant. Toutes les autres fonctions furent confiées au D.E.D.I.D.E.... La Police de Barcelona, en plus de ses autres immoralités, avait établi un trafic fantastique basé sur l'évasion de personnes et de capitaux: Un grand nombre d'agents se faisaient passer faussement comme Attachés des Consulats du Midi de la France, et se servirent de ce subterfuge pour se livrer à la contrebande de bijoux et de capitaux à leur propre profit. On calcula à deux milliards de pesetas le montant des valeurs ainsi volées à la France. Cette Police monta également une affaire pour les passeports. Pour sortir de Catalogne, il fallait verser une somme plus ou moins élevée... Mais ces évasions ne se terminaient pas toujours bien, car souvent, après avoir payé la somme demandée, le sintéressés étaient assassinés avant de pouvoir terminer leur évasion... Le déclarant dit qu'il fut nommé Président d'un Tribunal d'examens à Madrid pour l'admission dans la Police des agents intérimaires et des éléments des Milices de l'Arrière. Cette nomination coincida avec celle de Commissaire général de Madrid dont il prit possession le 11 Septembre 1937. A partir de cette époque les tchékas cessèrent d'exister et furent remplacées par le S.I.M. avec lequel la Police n'eut aucune relation...  Il exista aussi une "Brigade Spéciale", créée par le Commissaire général antérieur, David Vázquez Valdominos, de filiation socialiste. Elle était commandée par Fernando Valentí venu du groupe des agents provisoires, et possédant le titre de Commissaire. Cette Brigade, quoique appartenant à une organisation de Police, était contrôlée par les socialistes; ayant observé qu'on y maltraitait les détenus, le déclarant la supprima. Après la dissolution de cette Brigade ses membres furent réclamés par le S.I.M. d'origine socialiste, car on ne pouvait pas appartenir au S.I.M. si l'on n'était pas membre du Parti Socialiste. Le S.I.M., en plus de ses cruautés, employa des procédés astucieux et pervers. L'une de ses activités consistait à envoyer ses agents aurprès des personnes sans nuance politique qu'ils tâchaient d'effrayer et leur disant que les nationaux allaient vaincre et qu'il leur conviendrait de s'enrôler dans la Phalange afin d'avoir alors une garantie. Lorsque ces agents, par ce procédé, réunissaient cent quarante à cent cinquante personnes, ils en remettaient les listes en disant qu'ils avaient arrêté une unité complète de Phalange..."

La déclaration qui précède reflète assez exactement le caractère de la Police du Front Populaire et des autres organismes de répression créés par le Gouvernement marxiste à son usage, au milieu de la terreur désordonnée de la période révolutionnaire. 

Les départements et les services de police d'un intérêt spécial furent confiés à des éléments nouvellement arrivés et provenant des organismes du Front Populaire. Ils déployèrent tout leur zèle pour inventer, moyennant l'infiltration d'agents provocateurs, des complots contre le régime marxiste; ce fut un pretexte pour faire arrêter de nombreuses personnes qui furent brutalement maltraitées dans les prisons de la Police afin de les obliger à signer les fausses déclarations dont elles étaient accusées. Ces accusations formaient la base du procès qui entraînait la condamnation des inculpés à la peine capitale. De nombreux cas de ce genre se sont présentés, tel que celui d'Antonio del Rosal y López de Vinuesa, qui, avec douze autres détenus en même temps à Madrid, fut fusillé dans le Camp de Paterna, de Valence, le 29 Octobre 1937; il en fut de même du cas de Javier Fernández Golfín et d'Ignacio Corujo, qui, conjointement avec plusieurs de leurs camarades, furent exécutés dans les fossés de Montjuich, à Barcelone, en 1938, après avoir été les uns et les autres horriblement maltraités pendant longtemps à Madrid.

Au sujet des mauvais traitements dont furent l'objet les détenus de la prison de la Ronde de Atocha, número 21 (ancient couvent des Salésiens de Madrid), l'ex-Deputé de la Gauche Républicaine et Trésorier de la Croix Rouge Espagnole de Madrid pendant la guerre civile, Ramón Rubio Vicente, a déclaré devant la "Cause Générale" que: 

"Vers le milieu du mois de Juin 1937, il eut connaissance du régime insupportable et des mauvais traitements appliqués aux détenus dans la prison préventive dépendant de la Direction Générale de la Sûreté rouge et installée dans l'ancient couvent des Salésiens de la Ronde de Atocha, número 21 (María Auxiliadora). Avec le Délégué de la Croix Ruge Internationale, M. Vizcaya, il obtint du Commissaire Général de Police, David Vázquez Baldominos, qu'on lui laissât visiter la dite prison. Il put se convaincre par cette visite et d'autres qu'il fit par la suite, que les prisonniers étaient l'objet de mauvais traiteemnts; on faisait comparaître les femmes toutes nues pour déclarer et les malades couchaient par terre dans l'infirmerie.  Tout cela s'ajoutait à un régime de privations dû à l'inertie, tel que, par exemple, le manque absolu d'eau pendant plusieurs jours à l'époque des grosses chaleurs estivales, profuit par la crevaison des conduites d'eau, et dont personne ne se préoccupait. Il rappela les noms des agents qui étaient alors de service: Tomás Altozano et Manuel Linares Alcolea, tous deux de la Gauche Républicaine; Cipriano Blas Roldán, du Parti Socialiste, et, comme sergent de la garde, Antonio Parrondo. Grâce aux démarches faites par le déclarant, il obtint que le Commissariat Général de Police de Madrid, admette dans cette prison les services du médecin Aurelio Molero Berro, désigné par la Croix Rouge. Ce médecin, accompagné du déclarant, se présenta à la prison le 4 Juillet, ce qui lui permit de se rendre compte du régime et des particularités intérieures de cet établissement. Au moment d'ouvrir la porte du cachot numéro 5, où il devait assister un malede, une odeur nauséabonde les fit reculer; dans ce cachot se trouvait enfermé un homme d'environ quarante ans qui, pendant la visite du médecin, se plaignit de grandes douleurs; son aspect horrible était celui d'une personne séquestrée, après une longue captivité remplie de souffrances. Nu de la tête à la ceinture, couvert d'un pantalon qui lui arrivait aux genoux, sans chausettes ni chaussures, il était couché par terre, sur une simple feuille de journal. Les gardes furent interrogés au sujet de cette absence de matelas ou au moins d'une natte; ils répondirent qu'on le lui avait enlevé parce qu'il s'agissait d'un suspect. Le détenu avoua au déclarant que, sur le matin, il avait très froid et qu'il se couvrait alors avec cette feuille de journal, la seule chose dont il disposait. Ce cachot mésurait à peu près un demi-mètre de large et deux ou trois de long, mais le fait qu'il se trouvât au-dessous d'un escalier réduisait encore ses dimensions. Sur l'indication du déclarant, le médecin conseilla le transert du malade à un meilleur endroit. Le déclarant, préoccupé par ces atrocités, fit des démarches auprès des autorités rouges pour que la dite prison fut mise entre les mains du personnel du Corps pénitentiaire dans l'espoir d'améliorer ainsi l'insupportable situation des détenus. Après la libération, le déclarant a su que le prisonnier enfermé dans le cachot núméro 5 était Enrique Urreta, Capitaine de l'Armée, et que, selon ses informations, il est actuellement en garnison à Burgos... Les cachots des étages supérieurs, que le déclarant n'a pas visités, étaient désignés sous le nom de "Cachots de la mort", ce qui était exact, car les isolements prolognés que se pratiquaient à la Ronda de Atocha étaient de véritables tortures, connues de tout le monde sans que personne n'osât les empêcher, et qui continnuèrent jusqu'à ce que le déclarant s'occupa de la question. De nouveau, après avoir observé une amélioration dans la façon de traiter les détenus à la Prison de Atocha, on apprit, à la suite des déclarations de Jiménez Balgañón au Comité Central de la Croix Rouge, que les mauvais traitements recommençaient dans le préventorium du couvent des Salésiens. Le médecin Molero, interrogé à ce sujet, confirma le 18 Novembre 1937 la véracité du fait, ajoutant qu'il s'agissait d'un détenu de la Ronda de Atocha en provenance de la Brigade Spéciale de la rue de Serrano, 108, et il promit d'en faire connaître le nom au déclarant. Le 3 Décembre 1937, M. Morata déclara, dans une réunion du Comité Central de la Croix Rouge, qu'il avait eu connaissance que, dans la prison de la Ronda de Atocha, se trouvaient depuis plusieurs mois une quarantaine de détenus. Etonné, le déclarant qui considérait cette prison comme virtuellement vide, se mit en rapport avec Illera, alors Commissaire de Police, et insista sur la nécessité de faire cesser les mauvais traitements dans cette prison ainsi que les isolements prolongés; celui-ci lui promit d'en tenir compte. Enfin, au cours d'une nouvelle visite à la prison effectuée par le déclarant, il trouva, dans l'infirmerie, un détenu au lit, encore en convalescence des mauvais traitements dont il avait été victime à la Brigade Spéciale de Serrano, 108; ce dernir, plein de reconnaissance pour les attentions du déclarant, lui serra fortement la main..."

Cette déclaration vient confirmer les persistantes dénonciations faites dans le même sens auprès des Autorités judiciaires nationales sure les tortures employées par la Police du Front Populaire dans la prison des Salésiens de Madrid et dans les autres centres. Parmi ces témoignages se trouve celui du docteur Gerardo Sanz Ruber révelant que l'on donna de dix-huit à vingt coups à javier Fernández Golfín, qu'on rompit deux côtes à Miguel Angel García Loma et que le déclarant lui-même eut à souffrir de tels mauvais traitements appliqués en même temps par quatre ou cinq policiers rouges, qu'il urina du sang pendant neuf jours.

Les assassinats en masse de la première periode commencèrent à diminuer au printemps de 1937, et l'activité des tchékas se trouva suprimée ou très diminuée. La Police rouge prit l'habitude pour sa part de commettre des assassinats trop visibles et se contenter de torturer ses détenus de la manière déjà indiquée sans que pour cela elle cessât ses assassinats.

Sans inclure les remises de détenus aux tchékas faites par les divers centres de Police de Madrid, pendant les premiers mois de la guerre civile, on a pu prouver d'une façon précise, par les dénonciations des familles des victimes, divers assassinats commis para la Brigade Spéciale de Police, établie depuis 1937 au 108 rue de Serrano, ainsi que par les services préventifs policiers de la Ronda de Atocha, número 21 et 23, dépendant directement de cette Brigade Spéciale. Parmi les victimes on peut citer: Faustino Ruiz Pérez, José García Mairal, Antonio Fernández de las Heras, Juan Tortosa Franco, Cipriano Lozano Crespo, Martín Apesteguía Pisón, Vicente San Juan Salamanca, Enrique Castillo López, Jesús García y García et Angel Rodríguez Tejada.

Les violences de la Police rouge non seulement s'appliquaiente dans tous les cas aux personnes plus ou moins adversaires du régime politique du Front Populaire, mais encore retombaient souvent sur des gens absolument étrangers à la politique. L'envie ou les intérêts particuliers des membres de la Police rouge provenant des tchékas étaient l'unique et exclusif motif de ces crimes, accompagnés très fréquemment d'outrages à la pudeur et d'expropiation de la propriété. C'est ainsi que, dans les premiers jours d'Octobre 1937, des agents de la Brigade d'Information et de Contrôle du Front de la Police rouge, parmi lesquels figuraient Fidel Losa Petite et Bibiano Bere Revolé, bien connus pour leur activité criminelle particulière, perquisitionnèrent le domicile de María Irribarren Martínez qui fut arrêtée et dépouillée de mille pestas trouvées sur elle; elle fut victime de divers outrages et, après avoir passé par le centre policier de la Brigade d'Information et de Contrôle, établie alors dans le Paseo de la Castellana, elle fut conduite au secteur militaire d'El Pardo et assassinée. Le même agent rouge, Fidel Losa Petite, secondé également de Bibiano Bere et d'autres individus de la Policie du Front Populaire, conduisirent en automobile, en Septembre 1937, Carmen Pérez Mansilla, de vingt-quatre ans, habitant rue du Général Martínez Campos, 9, en luis faisant croire qu'ils la transportaient à Alicante, d'où il lui serait facile de sortir d'Espagne par n'importe quel navire. Ils l'assassinèrent sur la route et l'entérrèrent à l'endroit même du crime.

De nombreux crimes semblables furent accomplis para la Police rouge et les autres organismes répressifs du Gouvernement du Front Populaire, même vers la fin de la guerre, aussi bien à Madrid que dans les autres territoires soumis à la domination rouge; des preuves judiciaires existent de ces faits.

Indépendamment de la Police, le Gouvernement marxiste créa divers autres organismes de répression de caractère officiel, tels que le D.E.D.I.D.E. (Département Spécial d'Information de l'État) et la S.I.M. (Service d'Information Militaire). 

Le D.E.D.I.D.E. naquit à Valence, et son noyau de fondation provint de la Compagnie de Milices de Vigilance de l'Arrière qui servaient de gardes personnels du Ministre de l'Intérieur, Angel Galarza, qu'ils accompagnèrent dans sa fuite de la capitale. Ces créatures de Galarza avaient commis à Madrid, pendant plusieurs mois, toute espèce de crimes sanglants et d'atrocités dnas la célèbre tchéka de la rue de Marqués del Riscal, nº 11. Lorsque Galarza abandonna la capitale devant l'avance nationale de Novembre 1936, il chargea quelques-uns de ces tchékistes de tranporter des valises chargées d'argent et de bijoux que le Ministre rouge s'était réservé pour lui; il ne put pas d'ailleurs en profiter car les milices anarchistes de Barcelone s'en emparèrent par la violence; elles avaient appris, en effet, le passage dans cette ville des miliciens de l'escote de Galarza qui étaient chargés de conduire en lieu spor les valises du Ministre.

Ce premier noyau du D.E.D.I.D.E., organisme de répression qui s'étendit par la suite à toute l'Espagne rouge, installa à Valence les fameuses tchékas de Baylia et de Santa Ursula; les tortures qu'on y pratiquait, consistaient non seulement en bastonnades brutales mais encore en appareils pour rompre les membres, en brûlures des extrémités, en introduction de chevilles de bois sous les ongles, en tortures des organes génitaux, en pendaison la tête en bas, en emprisonnement dans des cellules u plancher recouvert de 10 cm. d'eau, etc. Un autre supplice consistait à introduire les détenus, privés d'alimentation, dans des caissons d'un mètre carré de base et de peu de hauteur où on les obligeait à rester plusieurs jours jusqu'à ce qu'ils s'évanouissent. Parmi la multitude des personnes qui souffrirent ces martyres dans les tchékas policières du D.E.D.I.D.E. de Valence, il ya eu José Selles Ogins et Emilio Calomarde Granell dont les déclarations, ainsi que celles de beaucoup d'autres, se trouvent dans la "Cause Générale" de cette province. Emilio Calomarde et Jesús Domingo Vargues eurent la plante des pieds brûlées.

Les tchékas de Baylia et de Santa Ursula, dépendant directement du ministre Galarza, étaient dirigées par le Commissaire Juan Cobo, le Commandant rouge Justiniano García, chef de la garde d'escorte du Ministre marxiste, le Capitaine des milices Alberto Vázquez et ses deux frères, et, résumé, tous ceux qui avaient exercé quelque commandement dans la tchéka de Madrid de la rue de Marqués del Riscal. Au titre de technicien et possédant une grande autorité, il y avait, parmi les étrangers, un russe qui utilisait le nom de Peter Sonin, ainsi que sa femme, erta, dont les agissements devinrent bien connus à Valence.

Les tchékas de Baylia et de Santa Ursula ainsi que les autres du D.E.D.I.D.E installées dans toute l'Espagne rouge, passèrent sous la dépendance du S.I.M. en Mai 1933, lorsque le nouvel instrument de terreur crée en 1937 par le Ministre de la Guerre, Indalecio Prieto, eut absorbé le D.E.D.I.D.E.

Le D.E.D.I.D.E. dépendait du Ministre de l'Intérieur et la direction suprême en fut confiée, peut de temps après sa création, à Francisco Ordóñez, ami d'Indalecio Prieto, et membre de sa garde personnelle d'avant la guerre, un des assassins du député José Calvo Sotelo.

Indalecio Prieto, alors qu'il était Ministre de la Guerre en 1937, constitua le S.I.M. qui, avec des attributions très étendues, finit par absorber le D.E.D.I.D.E. dont la mission d'information avait échoué.

Le S.I.M. ne se limita pas à sa sphère spéciale des recherches militaires, il se convertit dans la police politique la plus redoutée et la plus sinistre; il sema la terreur aussi bien sur les fronts qu'à l'arrière et commit de nombreux assassinats.

Le S.I.M. de l'Armée du Centre (Madrid) fut sous la direction d'Angel Pedrero García, instituteur socialiste, délinquant contre la propriété et ami d'Indalecio Prieto et d'Angel Galarza. Il fut nommé Chef de démarcation du S.I.M. avec le grade de Lieutenant-Colonel et il distribua les commandements supérieurs de son service entre ses anciens compagnons de la tchéka d'Atadell, où il avait été comme deuxième chef; il compléta son personnel avec une série d'agents de Police socialistes provenant, presque tous, des tchékas.

Le S.I.M. de Madrid appliqua à ses détenus des mauvais traitements terribles dans sa prison de San Lorenzo qui appartenait auparavant au D.E.D.I.D.E.; il commit des assassinats dans la capitale en dehors de ceux que les agents du S.I.M. purent impunément commetre sur les fronts de guerre. Les déclarations suivantes devant la "Cause Générale" de Madrid se rapportent à quelques-uns de ces assassinats.

Miguel Minuesa Pueyo dénonça que, le 25 Avril 1938, son frère, José Minuesa Pueyo, fut arrêté par des individus habillés en Lieutenants de l'Armée rouge qui le conduisirent au Ministère de la Marine (S.I.M.); il cessa d'avoir de ses nouvelles après le 28 Avril. 

Fernando Martín Salgado, demeurant 5 rue Núñez de Balboa, denonça que sa belle-sœur, Sofía Follente Morlín, née à Pozuelo de Alarcón et dont le fils Gregorio avait passé dans la zone nationale, fut arrêtée à Miraflores de la Sierra, le 11 Juillet 1938, par des agents du S.I.M., et conduite au Ministère de la Marine. Le déclarant sut par la suite que la détenue avait été asassinée le 24 du même mois. 

Alfonso Mazariego Lavín, demeurant 20 rue d'O'Donnell, témoigna que son oncle, Alfredo Chelvo Bosch, de soixante et onze années, demeurant au même domicile, fut arrêté dans le Syndicat des Techniciens de la C.N.T., le 13 May 1938, et conduit au S.I.M. du Ministère de la Marine où il disparut sans qu'on puisse en avoir la moindre nouvelle.

Rafael Castro de la Jara, médecin, demeurant à Madrid 117 rue Alcalá, déclara que son fils Joaquín Castro Moreno fut arrêté, le 28 Février 1939, par deux agents du S.I.M. dont l'un d'eux dit être le Lieutenant Iglesias; ils le conduisirent aux bureaux de ce centre (Ministère de la Marine), suivi par le déclarant qui arriva ainsi jusqu'à la porte du Ministère de la Marine. Il entendit peu ap`res les cris de son fils qu'il vit descendre en courant les escaliers en se plaignant de mauvais traitements, il fut criblé de balles par les grades. L'autopsie fut pratiquée par deux médecins légistes, entre autres le Dr. Arturo Santamaría, qui constatèrent sur le corps de la victime des traces de meurtrissures récentes; la victime fut, en outre, délestée de 800 pesetas qu'elle portait sur elle.

Selon la dénonciantion d'Alfonso Cordón de Ros, demeurant 18 rue Pozas, son frère Enrique Cordón de Ros, avocat, fut arreté par des agents de la brigade de Pedrero alors qu'il sortait du Palais de Justice de Madrid, le 30 Septembre 1937, et conduit au Ministère de la Guerre d'où l'on pense qu'il fut transporté à Valence sans qu'on en ait reçu des nouvelles depuis lors.

Agustina Povedano López, demeurant 94 rue Jorge Juan, dénonça que son mari, Silvio Rivagorda Gómez, fut arrêté par des agents du S.I.M., rue de Goya, le 29 Avril 1938, et conduit à la tchéka du Ministère de la Marine, d'où il disparut le 1er Mai.

Flora Baelo Navarro, demeurant 94 rue Jorge Juan, déclara que son frère, Pedro Baelo Navarro, fut arrêté par des agents du S.I.M. le 29 Avril 1938, et conduit dans les dépendances du S.I.M. On donna de ses nouvelles à la famille pendant deux jours; ce fut ensuite le silence le plus complet sur le disparu.

Dans une dénonciation présentée par Vicenta Arce González, demeurant 41 rue Doctor Esquerdo, on lit que son mari, Paulino Angel Sáinz, fut arrêté par des agents du S.I.M. le 25 Août 1938, et conduit au Ministère de la Marine, où il disparut. Son cadavre fut retrouvé le 2 Septembre au Dépôt mortuaire et inhumé par la famille dans le cimitière de Nuestra Señora de la Almudena.

María González Parra, demeurant à Madrid, 10 rue de Sagunto, dénonça que sa sœur Elisa González Parra, téléphoniste, fut arrêtée par des agents du Service d'Investigations Militaires, le 2 Juillet 1938, et conduite à la tchéka de San Lorenzo où elle disparut. La déclarant eut la nouvelle, grâce à Croix-Rouge internationale, que la détenue avait été maltraitée dans les bureaux du S.I.M. de Cuenca; on avait abusé d'elle, semble-t-il, et elle avait été jetée ensuite par la fenêtre dans le Júcar. le certificat médical déclare que la victime était morte d'une fracture de la base du crâne.

Lorsque le régime marxiste tomba, les membres du S.I.M. de Madrid s'enfuirent vers les ports du Levant où ils tentèrent de s'embarquer pour l'étranger. Suivant l'exemple de la répartition des fonds faite en 1936 par les tchékistes du Comité Provincial des Recherches Publiques, Angel Pedrero distribua, dans une maision de la rue de la F.A.I. de Valence, à quelques-uns de ses subordonnés, de l'argent et des bijoux provenant des pillages effectués par le Service d'Information Militaire ainsi que des quantités importantes de safran dont le prix était alors très élevé.

Les tchékas du S.I.M. de Valence situées à Villa Rosa, Escuelas Pías et 7 rue de Sorni, eurent bientôt une triste renommée par les tortures raffinées, les viols et les abus dont furent victimes diverses détenues; certaines d'entre elles les ont dénoncés devant la Justice nationale.

On frappait avec des instruments blessants les détenus jusqu'à ce qu'ils tombassent sans connaissance et on leur appliquait enujite des douches froides pour les ranimer; plusieurs personnes moururent ainsi. Si les déclarants ne plaisaient pas aux enquêteurs, on simulait leur exécution afin de les terroriser; ces simulacres avaient lieu la nuit, aux environs de la ville. On employa des chachots, imprégnés d'humidité et privés complètement de lumière, où les détenus étaient obligés de faire leurs nécéssités dans le même endroit; on avait l'habitude de les en sortir de nuit pour les conduire au bureau du responsable où ils étaient interrogés entre des blasphèmes et des insultes grossières; plusierus détenus devinrent fous. Une autre torture consistait à placer les poignets des victimes dans des menottes ayant des pointes intérieures; les tchékistes employaient ces tortures en présence des détenus récemment entrés à la tchéka comme tactique afin qu'ils en soient impressionés et que leurs déclarations soient plus explicites. Les détentions étaient accompagnées du pillage du domicile des victimes, dont la plupart étaient des personnes fortunées.

Le médecin Juan Rubirac Ballester a certifié des cas répétés de blessures graves, produites dans les centres du S.I.M. de Valence.

Federico Espinosa de los Monteros fut maltraité pendant trois mois, d'Août à Novembre 1936, dans les tchékas du S.I.M. des rues de Sorni et Carniceros, à Valence, sous la direction de Loreto Apellániz. Il subit les tortures suivantes: étant attaché au dos d'une chaise, on lui tordit les organes genitaux, martyre qui lui produisit une orchine très forte dont il resentait encore les effets en Juin 1941. Dans la tchéka de la rue Carniceros, il demeura enfermé dans une chambre au plafond très bas, ce qui l'obligea à demeurer courbé continuellement pendant les trente-six jours que dura son emprisonnement dans ce cachot dont le plancher était couvert d'une dizaine de centimètres d'eau, ce qui l'empêchait de s'asseoir. Par suite de ces souffrances, il lui resta des douleurs dans la colonne vertébrale et dans les reins et un ulcère qui, a l'époque de la déposition d'Espinosa de los Monteros devant les Autorités, continuait à suppurer.

Le plus cruel parmi les chefs du S.I.M. de Valence fut Loreto Apellániz García, déjà nommé, responsable des tchékas de cet organisme pendant la dernière période de la guerre civile. Par suite de la publicité qu'atteignirent ses crimes monstrueux, les membres du Front Populaire de tendences plus modérées qui prirent le pouvoir en Mars 1939, quelques jours avant l'écroulement de la résistence mariste, durent l'emprisonner et le juger. Le dossier ainsi consitué servit de base solide, lorsque Valence fut libérée par l'armée nationale, pour le prononcé de la sentence du Conseil de Guerre qui, en Avril 1939, condamna à mort Loreto Apellániz et ses principaux comparses. 

Le S.I.M. de Barcelone, où siégeait le Gouvernement rouge, était la résidence de la Direction centrale que détenait Garcés, ancien homme de main au service de Prieto et assassin de Calvo Sotelo. Ce centre dépassa tous les autres par sa cruauté raffinée. Les tchékas du S.I.M. de Barcelone disposaient de toutes sortes d'éléments techniques de torture; lorsque l'armée libératrice prit Barcelone, ces éléments étaient toujours installés et furent pris intacts; le public put les examiner librement.

La terreur policière culmina à Barcelone, résidence du Gouvernement républicain pendant les deux dernières années de la guerre civile. Le S.I.M. installa des instruments de torture dans les tchékas officielles sous la direction technique d'un aventurier dégénéré d'ascendance autrichienne, nommé Laurenzic. 

Des cellules extrêmement étroites furent employées; le sol était recouvert de briques disposées sur leur côté de telle façon qu'il était impossible au détenu de poser sa plante de pieds à plat et moins encore de s'étendre sur les sol sans être cruellement gêné. Ces cellules contenaient comme siège un banc de pierre incliné qui ne permettait pas à celui qui y était étendu de pouvoir dormir car, à ce moment là, il glissait forcément sur le sol où l'attendaient les files des briques placées précisément à cette fin. Une sonnette ou un métronome maintenaiet les nerfs de la victime en tension constante.

D'autres cellules, semblables à des armoires, avaient à pene la capacité pour contenir le corps du déténu qui y était introduit de dos et face à la porte; lorsque celle-ci était fermée tout mouvement lui était impossible. À ce moment, une lumière très puissante était allumée qui produisait bientôt de graves lésions dans les yeux de la victime et l'obligeait à garder les yeux fermés et fortement serrés.

Une autre sorte de torture consistait en une espèce de cloche dont la température pouvait être élevée à volonté de l'extérieur par des dispositifs électriques jusqu'à devenir insupportable et qui produisait, en même temps, au moyen de marteaux ou de rouleaux, un bruit assourdissant qui rendait folles les victimes.

La tchéka de la rue de Saragosse, établie dans un couvent de réligieuses de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, acquit une triste renommée pour les procédés variés de torture par lesquels les détenus furent martyrisés. Le plus redouté était la chaise électrique, installée dans la salle où se tenait le tribunal rouge qui ordonnait et contemplait le suplice des détenus de cette tchéka.

La tchéka de la Tamarita, située dans une villa placée entre le paseo de San Gervasio, l'avenue du Tibidabo et la rue de Nueva Belén, était commandée par des chefs du S.I.M. rouge, quelques-uns d'un grade militaire très élévé et d'autres de nationalité russe; celle de la rue de Ganduxer, celle du Séminaire et d'autres furent, toutes, dirigées à Barcelone par le S.I.M., et toujours avec les mêmes méthodes.

Dans les souterrains de la tchéka du S.I.M. du 21 de la rue de Muntaner, la torture de la chaise électrique fut employée pour la première fois à Barcelone.

La plus fameuse tchéka du S.I.M. de Barcelone fut peut-être celle de Valmayor, connue également sous le nom de "Preventorium D". On y utilisa les tortures les plus raffinées pour obtenr des détenus des aveux au goût des enquêteurs.

Dans les camps de concentration du S.I.M., principalement ceux de la région catalane, un nombre très élevé de détenus ayant souffert, en général, des traitements inhumains, moururent à la suite des coups et des sévices qu'ils eurent à supporter.

Dès que le S.I.M. travailla dans la zone marxiste, il s'efforça de maintenir la terreur la plus violente, aussi bien au front qu'à l'arrièree, afin de contenir la démoralisation croissante de l'armée rouge et de la population civile. Le réseau des agents recrutés parmi les ancients tchékistes et des informateurs, dénommés "agents invisibles", avaient la responsabilité des détentions et des assassinats; une de leurs missions était en effet d'arrêter les familles des soldats de l'armée rouge qui passaient dans les lignes des nationaux. Ces otages, sans considération d'âge (parfois on arrêta le père de l'évadé), étaient conduits à la même unité militaire où le fugitif avait été mobilisé et ils étaient fréquemment assassinés peu de temps après leur arrivée.

Le système de séquestration et de tortures exista dans tous les endroits où se trouva un détachement ou une représentation du S.I.M. A Almería, une femme fut cruellement maltraitée en présence de son mari, également détenu; celui-ci, frappé brutalement à son tour en tentant de défendre sa femme que six individus flagellaient sans arrêt après l'avoir dévêtue, mourut peu après dans la prison de Baza.

Le même S.I.M. d'Almería avait l'habitude de torturer les détenus en leur attachant les pieds et les mains et en les jetant dans une mare remplie d'eau où on les maintenait et d'où on les sortait quand ils étaient presque asphyxiés.

Dans le camp de travail numéro 3, établi par le S.I.M. dans la municipalité d'Omelles de Nogaya (Lérida), deux cents détenus environ furent assassinés. Un témoin oculaire, appelé Dionisio Samper Samper, qui fut interné également dans ce camp, relata l'assassinat du séminariste Francisco Arias Antequera, de Madrid, de la façon suivante: le 24 Juin 1938, Antequera fut frappé férocement parce qu'on découvrit sa condition de séminariste; le supplice commença à deux heures de l'après-midi et il fut frappé, avec certaines intervalles, juqu'au matin où il expira; aux premières heures du jour, il demanda un peu d'eau et on lui donna de l'urine mélangée à du sel. Cet assassinat eut également pour témoin Juan Argemi Fontanet qui raconta ce qui s'était passé devant les Autorités judiciaires de l'Etat national; ce même témoin rappela, parmi les nombreux assassinats de détenus, celui du docteur Torréns, médecin d'Omelles de Nogaya, qui fut tué à coups de feu.

D'une façon générale, et avec des modalités qui ne differèrent que par les détails selon les endroits, ce qui vient d'être décrit ici constitua le caractère général de l'activité de la Police politique rouge dont la dernière et la plus parfaite manifestation fut le S.I.M., créé par Indalecio Prieto.

La direction des installations de torture des tchékas du S.I.M. de Barcelone était sous la responsabilité du chef suprême du S.I.M. Santiago Garcés, de Francisco Ordóñez, qui fut chef du D.E.D.I.D.E., du Gouverneur de la Banque d'Espagne rouge, Pedro Garrigós, et des membres de ce service policier: le Commandant Alonso, Urdueña, le Sergent Mendoza et autres. Le chef des interrogatoires était un individu appelé Walter.

Aux tortures que les installations des tchékas officielles du S.I.M. appelaiente "psychotechniques", il faut ajouter les plus dures et les plus brutales violences matérielles: l'application de fers rouges était usuelle, produisant de profondes brulûres et arrachante les aveux de responsabilités vraies ou imaginaires inventées par les enquêteurs. On utilisait fréquemment, comme dans les tchékas officielles de Valence, la torsion des organes génitaux des détenus et leur suspension, hommes ou femmes, la tête en bas pendant un temps prolongé. De nombreux témoignages existent, établis devant les autorités judiciaires par les survivants.

Dans la tchéka de la rue de Vallmajor, à Barcelone, un détenu se pendit, étant devenu fou après avoir été cruellement maltraité; ce fait est prouvé par le médecin de Barcelone, Dr. Juan Juncosa, qui était alors détenu, lui aussi. La femme de Jaime Scoda devint folle, à la suite des traitements soufferts dans la même tchéka de Vallmajor, où elle était détenue avec son mari.


(Annexe 8.1): 

Procès-verbal de reconnaissance et de perquisition effectué le 11 Décembre 1939 para la justice militaire dans l'immeuble de la rue San Lorenzo, nº 12, qui, pendant la domination rouge, fut transformé en prison préventive par le S.I.M. de Madrid:

 

"... Comme témoins, sont présents José María Urrutia y Salsamendi et Vicente Eraña Elguiazu qui furent en prison dans cet immeuble pendant la domination rouge... —Après avoir traversé une cour intérieure, le Juge pénètre dans des souterrains; dans la galerie qui donne sur l'escalier, il y a diverses cellules sans lumière ni ventilation directe. Celles qui sont situées dans la première volée de l'escalier sont l'une d'une capacité très réduite et, l'autre, un peu plus grande; les deux ont un sol de ciment placé à un niveau inférieur à l'entrée. L'obscurité est à peu près totale dans les deux cellules. A la fin de cette volée, il y a deux autres cellules, analogues aux antérieures et de deux mètres carrés environ chacune, il y a un plafond commun aux deux et un cabinet sans ventilation, placé entre les cellules et séparé de celles-ci par une closion en équerre qui n'attent pas le plafond général. Il existe par conséquent une communication par le haut entre les deux cellules et entre celles-ci et le cabinet dont les odeurs rendent extrêmement pénible le séjour dans les cellules. Il y a aussi une autre cellule à main droite de la volée déjà indiquée. Comme l'indiquent alors les témoins, ces cellules étaient utilisées pour les châtiments et c'est là que les agents du S.I.M. ordonnaient aux forces de la garde d'enfermer les détenus qui ne satisfaisaient pas les exigences des enquêteurs; la règle générale était qu'on y demeurait complètement nu, les vêtements étant attachés dans la galerie de descente en face de la lucarne de la cellule, d'où le détenu pouvait les voir. Le séjour dans ces cellules était habituellement de deux à trois jours et alla jusqu'à sept, comme ce fut le cas du témoin Eraña; on refusait la nourriture au prisonnier tout le temps qu'il pouvait le supporter durant cet isolement, et il devait faire ses besoins dans sa propre cellule. Quand il entrait dans celles-ci, on inondait le sol avec des seaux d'eau que l'on continuait à jeter de temps en temps pendant que le prisonnier y ètait et il arriva souvent que ces seaux d'eau fussent projetés directement sur le détenu qui ne pouvait même pas conserver son caleçon. —Au premier étage il y a un couloir avec diverses bifurcations et des pièces y donnent qui étaient les cellules habituelles employées par le S.I.M. qui y logeait plusieurs détenus chacune. Les témoins se rappellent que, dans la cellule 27, examinée par le Juge, et qui mesure environ 2 mètres 50 sur 3 mètres 50, on y enferma plus de vingt personnes. Une partie de ces pièces ont une fenêtre ou un balcon avec vue sur la cour mais les témoins font observer que, pendant la domination rouge, les persiennes étaient clouées; la lumière ne pénétrait que par un vasistas ouvert dans la partie supérieure. L'obscurité était complète à l'intérieur et l'on ne pouvait ni lire ni écritre; les détenus devaient faire des efforts constants d'adaptation pour se reconnaître entre eux, malgré leur accoutumance à l'obscurité de la pièce. Le séjour dans ces cellules durait des mois, et la lumière électrique était allumée quelques instants du dehors par le garde pour permettre de se déshabiller. Sur le même étage, il y a une très petite cellule d'un mètre su un mètre environ appelée "la cellule K"; elle était destinée aux isolés. —A l'étage supérieur, il y a une galerie avec vue sur la cour, orientée au nord, d'un peu moins d'un mètre de largeur et deux mètres et demi de longueur. Les lavabos sont dans la partie contigüe à la galerie; les témoins indiquent que cette pièce, destinée également aux isolés, était appelée "la cellule X" ou "le garde-manger"; elle était constamment inondée par l'eau qui débordait des lavabos lorsque les prisonniers se lavaient, ainsi que par les seaux d'eau qu'on jetait délibéremment dans la pièce. On y transportait habituellement les détenus des cellules du souterrain, appelées "la glacière", et on obligeait également, dans la plupart des cas, les prisonniers de la cellule "X" à se dévêtir complètement. —Il existe également, à cet étage, une pièce destinée aux interrogatoires où les agents de chaque service de S.I.M. questionnaient et maltraitaient les détenus impliqués dans l'affaire dont on s'occupait. Cependant, la pièce reservée habituellement aux  interogatoires est celle que le Juge visite en quittant l'édifice de San Lorenzo. Cette chambre est située à l'entresol à droite du point de départ de l'escalier principal, en entrant de la rue; elle se compose de deux parties, l'une destinée au corps de garde et l'autre aux interrogatoires. Le témoin Eraña reconnait cette pièce comme étant le bureau où on obligea à rester quatre jours de suite; il fut soumis à des interrogatoires constants et à de mauvais traitements, en Décembre 1938. Le même témoin indique l'endroit de la cour où, endant l'hiver de 1933 à 1939, il demeura une nuit entière, assis sur une chaise, complètement nu et recevant des seaux d'eau sans que le soldats de la garde lui permettent de remuer...".


 

 

Les Tchékas

 

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