¿Carecemos de sustancia? ¿Somos, vanidad de vanidades, una colección de gestos repetidos y citas ambulantes, sin nada nuevo bajo el sol? Comparemos las ideas al respecto de two musty old fellows, Godwin y Derrida. Empezando por Godwin, que antes de Derrida, antes de Deleuze, fue un filósofo de la diferencia y la repetición.
De William Godwin, "Of Imitation and Invention" (Thoughts on Man, X; 1831):
Yet what is human speech for the most part but mere imitation? In the most obvious sense this stands out on the surface. We learn the same words, we speak the same language, as our elders. Not only our words, but our phrases, are the same. We are like players, who come out as if they were real persons, but only utter what is set down for them. We represent the same drama every day; and, however stale is the eternal repetition, pass it off upon others, and even upon ourselves, as if it were the suggestion of the moment. In reality, in rural or vulgar life, the invention of a new phrase ought to be marked down among the memorable things in the calendar (...)
Our religion, our civil practices, our political creed, are all imitation. How many men are there, that have examined the evidences of their religious belief, and can give a sound "reason of the faith that is in them?" When I was a child, I was taught that there are four religions in the world, the Popish, the Protestant, the Mahometan, the Pagan. It is a phenomenon to find the man, who has held the balance steady, and rendered full and exact justice to the pretensions of each of these. No: tell me the longitude and latitude in which a man is born, and I will tell you his religion.
By education most have been misled;And, if this happens, where we are told our everlasting salvation is at issue, we may easily judge of the rest.
So they believe, because they so were bred:
The priest continues what the nurse began,
And thus the child imposes on the man.
[Solomon] has observed, "One generation passeth away, and another generation cometh; but the earth abideth for ever". It is a maxim o the English constitution that "the king never dies," and the same may with nearly equal propriety be observed of every private man, especially if he have children. "Death," say the writers of natural history, "is the generator of life:" and what is thus true of animal corruption, may with small variation be affirmed of human mortality. I turn off my footman, and hire another; and he puts on the livery of his predecessor: he thinks himself somebody; but he is only a tenant. The same thing is true, when a country-gentleman, a noble, a bishop, or a king dies. He puts off his garmens, and another puts them on. Every one knows the story of the Tartarian dervvise, who mistook the royal palace for a caravansera, and who proved to his magesty by genealogical deduction, that he was only a lodger. In this sense the mutability, which so eminently characterises everything sublunary, is immutability under another name.
The most calamitous, and the most stupendous scenes are nothing but an eternal and wearisome repetition: executions, murders, plagues, famine and battle. Military execution, the demolition of cities, the conquest of nations, have been acted a hundred times before. The mighty conqueror, who "smote the people in wrath with a continual stroke," who "sat in the seat of God, shewing himself that he was God," and assuredly persuaded himself that he was doing something to be had in everlasting remembrance, only did that which a hundred other vulgar conquerors had done in successive ages of the world, whose very names have long since perished from the records of mankind.
Thus it is that the human species is for ever engaged in laborious idleness. We put our shoulder to the wheel, and raise the vehicle out of the mire in which it was swallowed, and we say, I have done something; but the same feat under the same circumstances has been performed a thousand times before. We make what strikes us as a profound observation; and, when fairly analysed, it turns out to be about as sagacious, as if we told what's o'clock, or whether it is rain or sunsine. Nothing can be more delightfully ludicrous, than the important and emphatical air with which the herd of mankind enunciate the most trifling observations. With much labour we are delivered of what is to us a new thought; and, after a time, we find the same in a musty volume, thrown by in a corner, and covered with cobwebs and dust.
This is pleasantly ridiculed in the well known exclamation,
Deuce take the old fellows who gave utterance to our wit,
before we ever thought of it!
A comparar y cotejar con las ideas desconstructivistas de Jacques Derrida, en su versión ficcionalizada en la novela de Laurent Binet La Septième Fonction du langage (2015). Tal y como aparecen enunciadas en una conferencia "A Sec Solo" que imparte este logrado Derrida en el congreso Shift to Overdrive in the Linguistic Turn (Cornell University, 1980):
Derrida déroule:
"Quelle est l'unité ou l'identité du locuteur? Est-il responsable des speech acts que lui dicte son inconscient? Car j'ai aussi le mien qui peut vouloir faire plaisir à Sarl en tant qu'il veut être critiqué, lui faire de la peine en ne le critiquant pas, lui faire plaisir en ne le critiquant pas et de la peine en le critiquant, lui promettre une menace ou le menacer d'une promesse, m'offir aussi à la critique en prenant plaisir à dire des choses 'obviously false', jouir de ma faiblesse ou aimer l'exhibition par-dessus tout, etc."
Évidemment, tout l'assistence se retroune vers Searle qui, comme s'il avait anticipé ce moment, s'est placé exactement au centre des gradins. L'homme seul au milieu de la foule: on dirait un plan hitchcockien. Son visage impassible ne cille pas ous le poids des regards. C'est bien simple, on dirait qu'il est empaillé.
Et d'ailleurs, lorsque je fais des phrases, est-ce vraiment moi qui parle? Comment quiconque pourrait-il jamais dire quelque chose d'original, de personnel, de propre, quand par définition le langage nous oblige à puiser dans un trésor de mots préexistants (le fameux trésor de la langue)? Quand nous sommes traversés par tellement d'agents extérieurs: notre époque, nos lectures, nos déterminismes socioculturels, nos 'tics' de langage tellement précieux pour nous faire une identité (comme on dirait 'se faire une beauté'), les discours dont nous sommes constamment bombardés, sous toutes les formes possibles et imaginables.
Qui n'a jamais pris en flagrant délit un ami, un parent, un collègue de bureau ou un beau-père en train de répéter quasiment mot pour mot l'argumentaire qu'il aura lu dans un journal ou entendu à la télé, comme si c'était lui qui parlait en son nom propre, comme s'il s'était approprié ce discours, comme s'il en était la source et n'était pas traversé par lui, reprenant les mêmes formules, la même rhétorique, les mêmes présupposés, les mêmes inflexions indigneée, le même air entendu, comme s'il n'était pas le simple médium par lequel la voix différée d'un journal répétant lui-même les propos d'un homme politique qui lui-même avait lu dans un livre dont l'auteur, et ainsi de suite, la voix, disais-je, nomade et sans origine d'un locuteur fantôme s'exprimait, communiquait, au sens où deux lieux communiquent l'un avec l'autre par un passage.
Répétant ce qu'il a lu dans le journal, dans quelle mesure la conversation de votre beau-père n'est-elle pas une citation?
Derrida a repris comme si de rien n'était le fil de son propos. Il aborde son autre question centrale: la citationnalité. Ou plutôt l'itérabilité (Simon n'est pas certain d'avoir saisi la différence.)
Pour être entendu, au moins partiellement, par notre interlocuteur, nous devons employer la même langue. Nous devons répéter (réitérer) des mots qui ont déjà été utilisés, sans quoi notre interlocuteur ne pourra pas les comprendre. Nous sommes donc toujours, fatalement, dans une forme de citation. Nous utilisons les mots des autres. Or, comme pour le téléphone arabe, il est plus que probable, il est inéluctable, qu'au fil des répétitions, nous employions les mots des autres, tous autant que nous sommes, dans un sens légèrement différent les uns des autres.
La voix de pied-noir de Derrida se fait plus solennelle et enfle:
"Cela même qui assurera, au-delà de ce moment, le fonctionnement de la marque (psychique, orale, graphique, peu importe), à savoir la possibilité d'être repétée une autre fois, cela même entame, divise, exproprie la plénitude ou la présence à soi "idéales" de l'intention, du vouloir-dire et a fortiori de l'adéquation entre meaning et saying."
Judith, Simon, la jeune femme aux cheveux noirs, Cixous, Guattari, Slimane, toute la salle et même Bayard sont suspendus à ses lèvres quand il dit:
"Limitant cela même qu'elle autorise, transgressant le code ou la loi qu'elle constitue, l'itérabilité inscrit, de façon irréductible, l'altération dans la répétition."
Et il ajoute, impérial:
"L'accident n'est jamais un accident."
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