Un capítulo del libro La Guerre Civile 1936-39: Témoignages complementaires sur l'histoire d'Espagne (Madrid, 1953) —sobre el terror rojo y los crímenes del bando llamado republicano.
VII - PRISONS ET ASSASSINATS COLLECTIFS DE PRISONNIERS
A cause du nombre toujours plus grand de prisonniers dans la partie de l'Espagne gouvernée par le Front Populaire, on transforma en prisons, à partir du 18 Juillet 1936, de nombreux édifices, choisissant de préférence les églises et les maisons des Communautés religieuses.
Un des traits les plus caractéristiques du passage au pouvoir des gouvernements du Front Populaire, en ce que concernait les questions pénitentiaires, fut d'annuler totalement l'autorité des fonctionnaires du Corps des Prisons, y compris ceux qui étaient affiliés au régime rouge, ainsi que d'abolir les réglements pénitentiers. Les fonctionnaires furent remplacés par des miliciens armés qui se rendirent maîtres des prisons et substituèrent aux réglements leur propre volonté et leur fantaisie. Ils défendirent aux détenus de communiquer avec leurs familles, s'emparèrent des vivres qui leur étaient envoyés et les maltraitèrent constamment aussi bien en actes qu'en paroles; les prisonniers étaient sans cesse menacés d'être fusillés par les miliciens qui racontaient devant eux les assassinats auxquels chacun d'eux avait participé.
La vie des prisonniers contrastait étrangement avec celle des miliciens: ceux-ci organisaient des orgies après lesquelles ils étaient ivres et rendaient plus dur encore le sort des détenus.
De nombreux fonctionnaires des prisons en furent extraits pour être assassinés; c'est ainsi que Gregorio José San Martín San Juan, Ramón Donallo Marín de Bernardo, et Luis Santigosa Payo furent remis à des miliciens condamnés de droit commun qui désiraient se venger de la haine qu'ils avaient accumulée pendant leur réclusion. Les fonctionnaires qui feignirent d'être attachés au régime marxiste restèrent en place mais perdirent toute force et autorité, et devinrent de simples instruments entre les mains des Comités et des miliciens.
Dans chaque établissement pénitentiaire, un Comité des représentants de tous les partis politiques et des entités syndicales du Front Populaire fut constitué, et le maintien de l'ordre à l'intérieur des prisons resta entre les mains des miliciens.
Officiellement, les prisons continuaient à dépendre du Gouvernement et, dans chacune d'elles, il y avait un directeur et des fonctionnaires nommés par le Ministère de la Justice; cependant, l'influence politique y fut si forte qu'elles furent utilisées pour loger des détenus qui étaient au pouvor d'organisations politiques sans aucune attribution légale pour cela. En d'autres cas, ces mêmes organisations s'octroyaient des droits sur les détenus grâce à la Direction générale de la Sûreté qui était à leur disposition, comme de fut prouvé par les dossiers des détenus Rafael Alonso Villalba, Francisco González Miranda et Abelardo Gómez Valero, dans la prison de Porlier à Madrid. On peut constater qu'ils restaient à la disposition de la Direction Générale de Sûreté et du Comité de recherche et de vigilance. (Ces trois reclus figurent comme ayant été mis en liberté le 24 Novembre 1936; en réalité ils furent sortis de prison et assassinés le même jour.) Dans les dossiers des détenus de la même prison, Francisco Ariza Loño, Enrique Martínez López et Carlos Martínez López, figure la note suivante: "Quand il sera mis en liberté, aviser le poste de Vigilance Nº 15, téléphone 51998. Responsable, Del Moral." Ce poste de Vigilance, qui dépendait de l'Inspection générale des Milices populaires, était installé 25 rue de l'Est et, comme la majorité d'entre eux, il était d'appartenance communiste; le responsable dont il est question était Antonio del Moral Labajo surnommé "Perra Chica" et était bien connu dans le quartier de Ventas pour ses actes criminels et ses assassinats de prisonniers. Les trois détenus en question, oficiellement mis en liberté le 7 Novembre 1936, furent sortis de prison et assassinés.
Pendant l'été 1936, dans les premiers mois du Mouvement, les sorties de prison se précipitèrent sous le prétexte des mises en liberté; les détenus étaient remis aux agents de la tchéka de Fomento ou à des miliciens qui les tuaient aussitôt. Parmi ceux qui furent sortis de cette manière de la prison de San Antón et conduits à la tchéka de Fomento et assassinés, l'on peut citer l'ancien directeur général de la Sûreté de la République, José Valdivia. De la prison de Ventas l'on fit sortir aussi des prisonniers, entre lesquels quelques-uns venaient de Colmenar Viejo, pour les remettre à des miliciens que les tuaient. On commettait aussi de nombreux assassinats dans les prisons où l'on tuait également des personnes appartenant au camp républicain; parmi celles-ci, moururent dans la prison de Porlier, de mort violente, les députés républicains Gerardo Abad Conde, Fernando Rey Mora et le religieux Leandro Arce Urrutia. (Documents 1 et 2).
Les mêmes faits se reproduisirent dans toute l'Espagne dominée par le Front Populaire. Dans la nuit du 30 au 31 Juillet 1936, dans le village d'Úbeda (province de Jaén), les milices rouges sortirent de la prison quarante-sept détenus qui s'y trouvaient et les tuèrent; il ne resta que deux survivants: Pedro Iglesias Martín qui resta gravement blessé, et Cristóbal Herrador Herrera. Dans la nuit du 28 au 29 Août 1936, les miliciens de Castellón de la Plana, avec des renforts provenant de divers partis marxistes et républicains et des syndicats ouvriers, pénètrèrent dans le bateau Isla de Menorca, transformé en prison et mouillé dans le port du Grao, en sortirent les prisonniers qui s'y trouvaient au nombre de cinquante-six, les attachèrent deux par deux avec des menottes, les débarquèrent et les assassinèrent en différents endroits près du port.
Ces faits trop souvent répétés finirent par être connus en haut lieu et par des personnes importantes du Régime; celles-ci se plaignirent à leurs amis qui occupaient alors des postes élevés dans la police, et réclamèrent des mesures de sécurité pour certaines classes de détenus qui avaient leur amitié. Après la libération d'Espagne, la police militaire saisit une lettre provenant de l'ancien chef supérieur de la Police, député de la Gauche Républicaine et professeur de droit pénal à la Faculté, Manuel López Rey, adressée au député de l'Union Républicaine, Fulgencio Díaz Pastor, et qui répondait à une autre lettre où était demandé le transfert d'un prisonnier de la prison de Porlier aux cachots de la Direction générale de la Sûreté répondit de la manière suivante: "Cher ami, le transfert de la prison Porlier à la Direction Générale de la Sûreté que tu me demandes pour le détenu Manuel Segura Tárrega, n'est pas possible parce que tu comprendras que l'Inspection de la garde de la Direction de la Sûreté n'a qu'un caractère provisoire, c'est-à-dire de prévention; à cause de cela, on ne peut y laisser en permanence aucun détenu, quelle que soit la classe à laquelle il appartienne. Tous ceux que y entrent son envoyés dans les prisons respectives après un délai de 48 heures, et il y a dans celles-ci toutes les garanties nécessaires pour les prisonniers." La garantie à laquelle ce document faisait allusion n'existait pas et les tueries de prisonniers se succédaient sans interruption: elles n'étaient pas la conséquence d'un débordement des masses marxistes, mais une action préméditée par les élément dirigeants appuyés par le Gouvernement qui, par l'intermédiaire de son Directeur Général de la Sûreté, faisait remettre des ordres de mises en liberté en blanc aux Miliciens afin que ceux-ci sortent de prison les détenus et les assassinent.
Dans les nuits du 13 et 14 Septembre 1936, des prêtres et des religieux furent extraits de la prison provinciale de Castellón de la Plana et tués; ces assassinats n'étaient l'exécution d'¡aucune sentence de 'Tribunax Populaires', et la fantaisie des miliciens, aidés et assistés par les dirigeants du Front Populaire, présidait, seule, à ces exécutions. Le 25 Septembre 1936, dès que les sirènes de la ville de Bilbao annoncèrent la présence de l'aviation nationale, les masses populaires parmi lesquelles se trouvaient de nombreuses femmes, prirent la détermination, d'accord avec les gardiens des prisons, d'exécuter en masse les détenus; lorsque le bombardement fut terminé, la foule se dirigea vers les quais de l'embouchure du fleuve, près des usines des Hauts fourneaux où se trouvaient amarrés les bateaux Altuna-Mendi et Cabo-Quilates convertis en prisons. Quelques groupes se transportèrent en barque à bord des bateaux, et dans les premières heures de la nuit, commença, sur le Cabo Quilates, la tuerie des prisonniers; la majeure partie d'entre eux furent massacrés sur le pont supérieur et les autres dans les cales sur lesquelles l'on tireait du dehors; quarante et un détenus perirent ainsi. Dans l'Altuna Mendi on assassina à coups de fusil, de revolver et de mitraillette vingt-neuf détenus après les avoir obligès à rester les bras levés pendant plusieurs heures. Toujours à Bilbao, dans la nuit du 2 Octobre, un groupe de marins et d'autres individus qui s'intitulaient officiers de marine de l'équipage du croiseur rouge Jaime I, montèrent à bord du bateau-prison Cabo Quilates et, avec le consentement des gardes, assassinèrent trente-huit prisonniers après les avoir dépossédès de leurs bijoux et objets personnels de valeur. Le 4 Janvier 1937, furent ainsi assassinés à Bilbao, dans différentes prisons, deux cent neuf détenus par les forces armées rouges, avec la participation active de diverses compagnies des bataillons "Asturias" (7e de la U.G.T.), "Fulgencio Mateos" et "Malatesta", en uniformes, portant l'armement complet et sous les ordres de leurs chefs. Le Commandant du bataillon "Malatesta", à que le président du Gouvernement basque demanda des explications au sujet de ce qu'ils étaient en train de faire, répondit: "lorsque le peuple sera convaincu qu'il ne reste pas un seul fasciste dnas les prisons, les massacres s'arrêteront". Les miliciens et la foule qui les accompagnait avec les femmes qui se distingaient par leur férocité, se mirent à piller les cadavres et l'on vit des miliciens sortant de la prison avec quatre manteaux. Finalement le président du gouvernement basque, José Antonio Aguirre, qui n'avait pris aucune mesure pour éviter ce carnage, ni fait preuve d'aucune énergie pour l'arrêter, chargea le Sécretaire à la Guerre de le faire cesser, ce qui fut fait en quelques minutes; cet ordre fut seulement donné quatre heures après le début du massacre et seulement devant les pressantes instances des fonctionnaires des prisons qui supplièrent les Autorités d'intervenir.
Dans la nuit du 2 Octobre de la même année 1936, les milices anarchistes de la C.N.T. et de la F.A.I. sous la dénomination de "Colonne de fer", firent régner la terreur parmi la population civile de la région du Levant: elles pénétrèrent à Castellón avec un grand déploiement de forces, et, armées de mitraillettes, assaillirent et brûlèrent les archives du Greffe, du Tribunal et de l'Enregistrement. Toutes ces archives furent brûlées dans la rue avec celles de la Délegation des finances dont les papiers furent incendiés dans la cour du Gouvernement Civil avec l'assentiment du Gouvernement et de la Force Publique qui furent témoins de ces faits sans s'y opposer en quoi que ce soit. Les mêmes milices, accompagnées par des éléments de la Garde Populaire anti-fasciste de Castellón, se dirigèrent à la prison provinciale où ils libérèrent dix prisonniers qui s'y trouvaient pour des délits de droit commun, et assassinèrent les détenus politiques qui y étaient; on put vérifier l'identité de cinquante-trois d'entre eux seulement, six autres cadavres n'ayant pu être reconnus; lors qu'ils eurent exterminé tous les détenus, les assassins se réunirent dans une taverne où ils se firent servir à manger pour célébrer leurs prouesses. Le 3 Octobre, furent aussi sortis de la prison de Cebreros (Ávila) soixante et onze prisonniers politiques ondt on retrouva les cadavres calcinés dans le village voisin de Pelayos de la Presa.
Les cent cinquante-deux détenus que l'on sortit de la prison d'¡Ocaña, dans la nuit du 20 Octobre 1936, furent tués devant les murs du cimetière; comme l'obscurité empêchait les miliciens de viser juste, quelques-uns d'entre eux étaient encore vivants quand on les tenterra, le jour suivant.
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