jueves, 10 de agosto de 2023

Les Tchékas

 Témoignages complémentaires pour l'Histoire de l'Espagne: La guerre civile 1936-1939 (1953)

LES TCHEKAS

TCHEKA DE LA RUE DE MARQUES DE RISCAL, NUM. 1

Une des tchékas les plus sanglantes fut celle que des milices du Cercle socialiste du Sud installèrent dans la rue de Marqués del Riscal, número 1, à Madrid. Ces milices devinrent plus tard la première Compagnie de liaison de l'Inspection Générale des Milices Populaires, sous la dépendance immédiate du Ministre de l'Intérieur d'alors, Angel Galarza Gago, et se dédièrent au service de l'escorte personnelle de ce dernier ainsi qu'à la protection de l'édifice du Ministère de l'Intérieur.

Malgré le caractère éminemment socialiste de la tchéka de la rue du Marqués del Riscal, quelques-uns de ses chefs et de ses miliciens appartenaient à d'autres fractions du Front Populaire et, surtout, au parti de la Gauche Républicaine. Le chef en titre de la tchéka était un militant du parti de la Gauche Républicaine, Alberto Vázquez, qui s'attribua le grade de capitaine.

Les détenus avaient l'habitude d'y être cruellement maltraités et d'être exécutés sur les hauteurs de l'Hippodrome et dans la Prairie de San Isidro.

L'ingénieur Alfredo Fernando Langa, arrêté dans la tchéka de Marqués del Riscal, après avoir été brutalement maltraité, fut emmené dans la nuit du 26 Août 1936 avec les détenus José María Rodríguez Alcalá, Pablo Cáceres, Teodoro Menéndez, et un religieux capucin connu sous le nom de P. Gregorio. Il furent conduits en automobile sur les hauteurs de l'Hippodrome, placés en file pour être fusillés et purent recevoir alors l'absolution du religieux. Mais comme à cet instant on entendit des bruits de moteurs et que des avions nationaux furent aperçus non loin de l'endroit, les miliciens, effrayés, visèrent mal ce qui permit au témoin oculaire, Fernández Langa, de ne pas être touché par les balles qui abattirent ses compagnons; après de grands efforts, il put arriver à fuir et à se mettre à l'abri.

Les bijoux et objets de valeur volés par les miliciens de la tchéka dans leurs perquisitions et pillages, étaient remis à un fondeur appartenant au Cercle Socialiste du Sud qui donnait ensuite le métal fondu au Directeur Général de la Sûreté, Manuel Muñoz.

Les chefs de la tchéka maintenaient un contact très étroit avec le Ministre Angel Galarza; la plupart des membres de celle-ci l'accompagnèrent et lui servirent de garde personnelle lorsque Galarza, en Novembre 1936, comme les autres ministres de ce Gouvernement, s'enfuit de Madrid pour se réfugier sur la côte du Levant. Alberto Vázquez, qui avait le titre de capitaine, d'accord avec le Ministre Galarza, se chargea de transporter de Madrid à Barcelone quelques valises renfermant des objets de grande valeur, confiées directement par le Directeur de la Sûreté, Manuel Muñoz. Mais, Á Barcelone, les patrouilles de contrôle de la C.N.T. arrêtèrent Alberto Vázquez et ses miliciens et les dépouillèrent de leurs valises.

La tchéka de la rue de Marqués del Riscal, qui possédait deux succursales établies respectivement rue de Fernández de la Hoz 7, et rue de Caracas, 17, dépendait de l'Inspection Générale des Milices Populaires, dirigée par le Commandant Barceló, appelé Justiniano García, qui dirigeait le régime des tchékas que les milices populaires du Commandant Barceló possédait à travers tout Madrid.

Parmi les innombrables victimes de cette tchéka, dont beaucoup d'entre elles ont pu être identifiées, on peut citer: Ricardo Blanco Muguerza, Fernando Campuzano Hozma, Tomás Jiménez García, Apolinar Marcos Clemente, Antonio Alonso Sánchez, Edelmiro Feliú Vicent, Bernardo del Amo Díaz, Pedro Monge Vilches, Eduardo López Ordás, Felipe Arana Vivanco, Arturo Gutiérrez de Terán, Martín Rosales González, et son fils, Martín Rosales Rodríguez de Rivera, Nicolás Alcalá Espinosa, Adolfo Abad Zayas, Anselmo Valdeolmillos Abril, Juan y Rafael Baillo Manso, Valentín Céspedes Mac-Crohon, Luis Gutiérrez Cobos, José Gordón Pinos, Constancio Alonso Ruano, Vicente Gargallo Angla, Jenaro Juanes Abascal, Francisco Baró Reina, Javier Leiva Olano, Luis Moctezuma Gómez de Arteche (Duc de Moctezuma), Julio González Valerio, Leoncio González de Gregorio, et son fils Pedro María González de Gregorio, Juan Velasco Nieto, Francisco Sendín Navarro Villoslados, Luis Tauler Esmenota, Ignacio de Velasco y Nieto et Victoriano Roger. 

De nombreux prêtres et religieux furent torturés dans la tchéka; on peut citer parmi eux Manuel López García de la Torre, de la paroisse de San Andrés, et des religieuses du Service domestique qui furent violentées.

Une fois que les membres de la tchéka de Marqués del Riscal furent à Valence, le Ministre Angel Galarza les chargea de constituer la tchéka de Santa Ursula; une police politique se forma avec ces éléments, qui fonctionna jusqu'en 1938 sous le nom de "Département Spécial d'Information de l'Etat". (D.E.D.I.D.E.)

 

 

TCHEKA DU GROUPEMENT SOCIALISTE DE MADRID

Sur l'initiative d'Enrique de Francisco, député et dirigeant du groupement socialiste de Madrid, un Département de ce groupement s'installa dans un palais saisi par le Parti Socialiste, qui était la propriété du Comte d'Eleta, situé rue de Fuencarral, 103; ce Département s'appela la Commission d'Information Electorale Permanente (C.I.E.P.). Comme il avait été chargé, pendant les périodes électorales, de l'étude du recensement de la capitale, il possédait une information assez complete sur l'idéologie politique des habitants de Madrid. Le militant socialiste Julio de Mora Martínez prit la tête de ce Département et fut chargé, en outre, Enrique de Francisco de recueillir les revenus des quelques milliers de propriétés urbaines dont le Parti Socialiste s'était emparé à Madrid. Celui-ci s'était substitué tout simplement aux propriétaires et touchait les revenus au bénéfice du parti.

Mais la mission fondamentale de la C.I.E.P. fut répressive et profita des renseignements qu'elle détenait grâce à ses travaux pré-électoraux. La tchéka de la rue de Fuencarral, 103, realisa une multitude d'assassinats et d'arrestations; afin de faciliter sa tâche, un groupe d'agents de police nouvellement nommés, affiliés au Parti Socialiste, fut adjoit à la tchéka sous la direction d'un agent professionel, également marxiste, appelé Anselmo Burgos Gil et qui fut plus tard chef de l'escorte de l'ambassadeur soviétique. On y toruvait également l'agent professionnel marxiste David Vázquez Baldominos, qui fut ensuite Commissaire général de Police et intervint, d'une façon importante, pour la G.P.U., dans l'arrestation du chef trotskiste Andrés Nin.

Parmi les nombreux assassinats commis par la tchéka du Groupement Socialiste de Madrid, on peut citer les suivants: Carlos Echeguren Ocio, Candelas Peñalver García, Apolinar Marcos Clemente, Juan Alamedas Jiménez, José Eugenio Medina Gestoso, Enrique García Arregui, Feliciano Insaurriaga Anguita, Alejandro Tovar y Cabrera, Humberto Calderón Rivadeneyra, Carlos Marco Salderreyan, Enrique García Robles et Fidel González y González. Les détenus remis par la tchéka de Julio de Mora à la tchéka de Fomento pour être assassinés, furent nombreux; nombreux également furent ceux qu'ils conduisirent à la prison pour y être ensuite assassinés.

Le témoin Clementina Renedo Velasco, déposa devant la "Cause Générale" que son oncle Casimiro Velasco Casanueva (arrêté le 12 Octobre 1936 et assassiné peu après), fut interrogé dans la tchéka de Fuencarral, 103; allors qu'il était présent, un milicien demanda du chef de cette tchéka, Julio de Mora, ce qu'il devait faire de quelques religieuses qu'il venait d'arrêter; ce dernier lu donna l'ordre de les tuer.

Il est prouvé que Julio de Mora donna des instructions en Août 1936, afin de creuser des fosses, sur le mont du village de Boadilla, qui devaient servir pour l'inhumation des nombreuses victimes conduites des tchékas de Madrid sur ce mont pour y être assassinées. 

Julio de Mora, chef de la tchéka du Groupement socialiste de Madrid et maçon de métier, fut nommé par le Ministre socialiste Francisco Largo Caballero en Févrierd 1937, Inspecteur du Ministère de la Guerre, avec le grade de Colonel et, plus tard, président de la Commission d'épuration du Corps d'Assaut et chef du Département Spécieal d'Information de l'Etat (D.E.D.I.D.E.) de Madrid, jusqu'au 26 Mars 1938, date à laquelle ce service fut dissout et incorporé au S.I.M.





"PETIT CONSEIL" DU DISTRIT DE BUENAVISTA

Presque tous les Commissariats de Police de Madrid, de leur propre initiative ou par ordre exprès de la Direction Générale de la Sûreté, livraient constamment des détenus à la tchéka officielle de la rue de Fomento et aux autres tchékas de Madrid; les dénonciations se faisaient plus nombreuses à mesure que les armées libératrices s'approchaient de la capitale. Le petit nombre de fonctionnaires professionels qui n'avaient pas été assassinés, emprisonnés ou écartés de leurs postes étaient dominés par des éléments improvisés du Front Populaire qui commandaient et constituaient, en fait, la majorité du personnel de chaque Commissariat. 

A ce point de vue, sans mentionner spécialement chacun des Commmisariats de Police de Madrid, il convient cependant de souligner le cas du Commissariat de Buenavista, aussi bien pour la grande activité criminelle de son chef, Luis Omaña —que le Front Populaire éleva du grade d'agent à celui de commandant—, que pour le zèle sanguinaire du "Petit Conseil" politique qui y fut institué par les membres de la tchéka dissoute de Fomento, Bruno Carreras Villanueva, Benigno Mancebo Martín et quelques scélérats qui les secondaient.

Au début, les miliciens de divers Centres, qui fréquentaient le Commissariat de Buenavista, coopérèrent aux activités du groupe de confiance d'Omaña. Ce groupe pratiquait le pillage sur une grande échelle et emportait le produit de leur pillage quand il le pouvait.

Les créatures d'Omaña terrorisaient et surveillaient le petit nombre d'agents professionnels et les anciens gardes de la Sécurité qui restaient.

Parmi les individus appartenant à des organisations extremistes qui fréquentèrent les membres du "Conseil" de ce Commissariat à partir de Novembre 1936, on peut citer un chauffeur de Vallecas connu sous le nom de "Matacuras" (Tueur de prêtres) qui se vantait constamment de ses crimes. 

Un bandit appelé Santiago García Imperial qui occupa le poste de second chef du Commissariat, commit de multiples meurtres; il détournait à son profit, lorsque cela lui convenait, ce qui était volé dans les pillages. L'individu en question se vantait de ses forfaits dans conversation avec les membres du "Conseil" du Commissariat, Benigno Mancebo et Bruno Carreras, ainsi que de ses succès; il profitait de la situation et de l'angoisse des femmes qui venaient se renseigner sur la situation des leurs en prison, et abusait d'elles. Des conversations furent entendues par divers témoins parmi lesquels se trouvait le concierge du Commissariat, José Hernández Díaz, qui les a mentionées dans une déclaration faite devant la "Cause Générale", le 24 Mars 1941, à Madrid.

Les asssassinats commis para la tchéka du district de Buenavista furent extrêmement nombreux. On peut mentionner les noms des personnes suivantes dont les disparitions ont été dénoncées par leurs familles: Joaquín Grau y Crespo, Antonio Arenas Ramos, Juan Ramis Meas, Teófilo Chico García, Juan José Echevarría Orejón, maría Gómez, Joaquín Pérez Linares, Guillermo Villamora Pablo, Angel Esteve Jimeno, Francisco Cobos Carmona, Antonio Flores Guillamón, Rodolfo del Castillo Martí, Rafael Mondria Marín, José Rico Martín, Carlos Navarro y Díaz Agero, Julio Llantada Martínez, Miguel de la Torre de Traviena, Manuel Grande Magdalena, Miguel Lahoz Burillo, Severino Gurpegui Suescun, Ricardo Nardiz Zubía, Enrique Rodríguez Hurtado, Rafael Bartolomé y Fernández de Angulo, Germán Garibaldi González, Pedro Onsurbe Molinero, Domingo Soria Andrés, Tomás Bueno Romero, Tomás Rodríguez Losada, Pedro Ardura Gallo, Manuel Albite Antero, Antonio Dávila Ávalos, Juan Tomás Rodríguez Romero, Manuel Ramos Roales, et les agents de Police, Antonio Gil Varela, Basilio Gamo et Mariano Fernández de la Cruz, ainsi que manuel Sánchez Peláez, son beau-frère.

Le 29 Novembre 1936, Teresa Jiménez fut assassinée par des éléments du "Conseil" de Buenavista. Ángel Lorito, un sujet italien qui était à ce moment-là comandant dans les Brigades Internationales rouges, s'était efforcé inutilement d'obtenir la grâce de la victime qui n'avait jamais eu aucune activité politique; révolté par ce crime, il déclara devant les Autorités marxistes de Madrid (rôle 2.045 de 1937) qu'il demandait pour cette raison son départ immédiat pour l'étranger "car s'il défendait une cause, il ne voulait pas être le complice d'assassinat." 

D'autres tchékas coopérèrent étroitement avec le "Conseil" du district de Buenavista; ce furent l'"Escadrille de l'Aube", les Centres anarchistes du Pont de Vallecas et le bataillion 14 de la Gauche Républicaine qui se trouvait 2 rue de Mondéjar.



El fraile y los fusilados



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