jueves, 8 de agosto de 2013

Hace 25 años (l'écoulement du temps)

Recuelgo la defensa de mi tesis doctoral, que la terminaba de escribir hace 25 años, en estado casi demencial, con larga barba de graduate student y gafas de pasta, a punto de salir para mi estancia en América... Si se miran las fotos de ese tiempo, es difícil de creer, en efecto todo ese pasado es alquimia, como decía Aute. Hoy le sacan un disco de homenaje a Aute a quien oíamos y que como nosotros aún vive, aún—"qué terriblemente absurdo es estar vivo / sin el alma de tu cuerpo, sin tu latido / sin tu latido..."

.. Un lyrisme envahissant risque de nous envahir.

Y es que veinticinco años no es nada. Este pasaje me leía esta madrugada oyendo las gaviotas, ahora que estoy con el libro de Bayard Comment améliorer les œuvres ratées? El pasado no hay quien lo mejore. Por entonces también leía yo a Maupassant, a quien comenta aquí Bayard:

L'écriture de l'hallucination ne se laisse pas la plupart du temps analyser dans les termes aussi directs d'une inscription excessive du sujet. C'est souvent un ton général qui est en cause, un manque de distance avec le récit, un lyrisme envahissant. Un exemple caractéristique est, nous l'avons vu, Fort comme la mort, œuvre à l'écriture mélodramatique où l'outrance contamine toutes les formes d'expression. Maupassant est un écrivain qui se prête bien à ce travail de l'amélioration, car certains thèmes se répètent d'une œuvre à l'autre avec suffisamment d'insistance pour permettre des confrontations. Il n'est pas sans intérêt, par exemple, de comparer Fort comme la mort avec la nouvelle "Fini", pour mieux comprendre en quoi Maupassant a échoué dans sa tentative pour trouver une écriture apte à exprimer l'écoulement du temps.

[Note 6. Le héros de "Fini" reçoit un matin une lettre écrite par une femme aimée ving-cinq ans plus tôt, qui l'invite à dîner le soir même. Toute la nouvelle est organisée autour du passage du temps, lequel se marque d'un coup au moment de la rencontre avec le visage méconnaissable de l'être d'autrefois:

Il s'assit et attendit. Une porte s'ouvrit enfin derrière lui; il se dressa brusquement et, se retournant, aperçut une vieille dame en cheveux blancs qui lui tendait les deux mains.
Il les saisit, les baisa l'une après l'autre, longtemps; puis relevant la tête il regarda son amie.
Oui, c'était une vieille dame, une vieille dame inconnue qui avait envie de pleurer et qui souriait cependant.
Il ne put s'empêcher de murmurer:
"C'est vous, Lise?" (Contes et nouvelles, Gallimard, Pléiade, II, p. 516).

Comme dans "Adieu" (Ibid. I., p. 1246), autre nouvelle consacrée au passage du temps, la non-reconnaissance est complète. La formule "C'est vous, Lise?" vient à la place d'une description absente. La technique a le mérite d'éviter toutes les descriptions réalistes de Fort comme la mort. Elle est d'ailleurs plus rigoureuse phénoménologiquement: dans l'expérience concrète, le temps ne passe pas, il est passé. Elle présente un inconvénient majeur: elle induit une forme narrative brève. Il est difficile de construire tout un roman pour raconter qu'un personnage se découvre vieux.



 
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