lunes, 20 de febrero de 2012

Genette, genética, e identidad ilimitada



Una reflexión de Gérard Genette sobre la identidad, en Codicille:

Identité.
J'ai parfois quelques doutes sur la mienne, dans les deux sens classiques du terme. En ce language d'école, je pourrais me dire plus conscient de mon identité "numérique", ou "juridique", ou ipséité ("Qui suis-je?"), que de mon identité spécifique, ou "qualitative", ou quiddité ("Que suis-je?"), mais ce serait presque aussi faux que pédant: je ne porte pas grand intérêt, et ne fais d'ailleurs pas grand crédit, à la permanence que note mon empreinte génétique ou mon numéro de Sécurité sociale, et qui me définit comme le même individu depuis le lointain jour de mon arrivée jusqu'à celui, plus proche, de mon départ; et le fait que mes souvenirs, vrais ou faux, se rapportent à moi et non à un autre n'est pas ce qui m'y importe le plus, ni ce dont je me crois le plus assuré. Ce dont je rêve, en somme, c'est d'une identité spécifique sans appartenance, sinon à une espèce—ce qui serait, littéralement, un peu trop contradictoire—, du moins à un groupe, à une institution, ou (comme disent les politiques) à une "famille", à un "courant" ou à une "sensibilité": j'admire la sensibilité de ces gens, mais l'adhésion n'est plus mon fort, et si un mot m'horripile encore plus qu'identité, c'est communauté. Spinoza disait, en latin: omnis determinatio est negatio. Jean-Claude Carrière dit en un français non moins lapidaire: "Être quelque chose, c'est être moins."


 
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